Benjamin Ngongang : « La zone Franc a l’extraordinaire occasion de choisir un nouveau régime de convertibilité »

Benjamin Ngongang, directeur associé en charge de l’Afrique centrale de FinAfrique, cabinet spécialisé dans le conseil et l’accompagnement des réformes dans le secteur bancaire, a dans une interview accordée à l’Agence Ecofin, donné ses observations sur la décision des chefs d’État de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac) d’ouvrir une réflexion sur l’évolution de la coopération monétaire avec la France.

Benjamin Ngongang estime que la décision des chefs d’État de la Cemac au sortir du sommet extraordinaire des 21 et 22 novembre 2019 d’engager une réforme de la gestion de la monnaie commune des pays de la zone CFA, embrasse les initiatives de leurs confrères de la Cedeao en juin dernier. Selon lui, en cas d’effectivité de cette décision, et le système bancaire et l’économie des 6 pays de la zone Cemac seraient impactés dans le bon sens. Toutefois, il n’y a pas à se réjouir d’autant plus que ce long processus n’est qu’à son début.

Le changement des dispositions en vigueur dans la coopération monétaire avec la France est selon l’expert une importante décision qui devrait capter toute l’attention de l’ensemble des directions générales des établissements de crédit et établissements financiers de la place en ce sens que « qui dit réforme de la monnaie dit potentiellement modification des règles de change et pourquoi pas adoption d’un nouveau cadre de politique monétaire avec des objectifs autres que la protection contre l’inflation. Des évolutions qui obligeraient les banques commerciales à revoir leur stratégie de crédit, leurs offres d’accompagnement à l’import/export, mais aussi de manière très opérationnelle, leurs systèmes d’information pour intégrer les nouveaux paramètres de changes fixés par la banque centrale », a-t-il illustré.                                                                                                                                           De nouveaux acteurs                                    

Sur la question épineuse du sens de la garantie française vis-à-vis du Franc Cfa d’où l’obligation de déposer 50% des réserves de change dans un compte des opérations, logé dans les livres du trésor public français, Benjamin Ngongang tranche en estimant que « la garantie française ne semble plus vraiment indispensable dans un pareil contexte » et que cette rupture devrait être perçue « comme une extraordinaire opportunité pour la zone qui aurait alors l’occasion de choisir un nouveau régime de convertibilité plus adapté à sa situation contemporaine », a-t-il apprécié.

Toujours selon lui, si ce système de garantie était justifiable au début des années 60 du fait que ces pays de la zone Cemac jouissaient de leurs premières années en tant que pays indépendants, le contexte est tout à fait différent car « les pays de la Cemac ont acquis une expérience de la gestion commune de leur monnaie et de leurs réserves de change; les partenariats commerciaux ont évolué avec larrivée, au début des années 2000, dacteurs chinois, indiens ou turcs qui pèsent de plus en plus lourds dans la balance commerciale de la zone Cemac », a étayé le directeur associé de l’agence FinAfrique.

Le meilleur scénario d’évolution de cette coopération monétaire  pour Benjamin Ngongang « doit se construire sur la base de la solidarité entre les 6 pays de la zone, en renforçant bien évidemment les principes de convergence économique et de discipline budgétaire partagée, sans perdre de vue les différences structurelles qui existent entre les économies. D’autre part, la France n’étant plus le principal partenaire commercial de la zone, l’ancrage de la nouvelle monnaie devrait évoluer vers un panier de devises reflétant davantage les échanges internationaux de la région, avec une autonomie d’objectif pour la Banque des Etats de l’Afrique Centrale sur le taux de change et le maintien de l’objectif de stabilité de prix.

Enfin, cette transformation devrait se faire selon lui en renforçant la gouvernance et la transparence au sein des institutions.

Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU

Burkina24

Source : Investiraucameroon.com

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