Ravigsida Dorcas Tiendrébéogo
le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF)

FAARF : Plus de 10 milliards de FCFA octroyés à 150 000 femmes en 2018

Les femmes constituent 52% de la population burkinabè et 80% d’entre elles travaillent dans le secteur informel et contribuent à alimenter l’économie. Compte tenu de l’importance de leur part contributive dans l’économie nationale et dans l’optique de faciliter l’accès des femmes aux petits crédits, le gouvernement a mis en place le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF). Dans les lignes qui suivent, Ravigsida Dorcas Tiendrébéogo née Compaoré, docteur en économie financière et présentement la directrice générale du FAARF, nous présente davantage sa structure.

Burkina24 (B24) : Le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes, qu’est-ce que c’est  ?

Ravigsida Dorcas Tiendrébéogo (RDT) : C’est un Fonds national de financement, créé depuis 1990, qui est sous la tutelle technique du ministère en charge de la femme et sous celle financière du ministère de l’économie et des finances. Le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF) a comme mission d’octroyer des crédits aux femmes pour leurs activités génératrices de revenus et aussi de les accompagner dans la formation pour qu’elles puissent mener à bien leurs activités. Ce sont des crédits remboursables. Le gouvernement a mis en place le FAARF parce que c’est difficile pour les femmes d’avoir des prêts au niveau des banques car les banques demandent des garanties.

B24 : Quels sont les domaines d’intervention du FAARF ?

RDT : Je peux dire que tous les domaines sont concernés. Si tu es une femme, non salariée du public ou du privé et qui a une activité génératrice de revenus, peu importe que ça soit dans le secteur primaire, secondaire ou tertiaire, vous pouvez nous approcher pour avoir un prêt.

B24 : Quelles sont les conditions que doivent remplir les femmes pour bénéficier du financement FAARF ?

RDT : Le financement au FAARF est vraiment très facile. Il suffit de venir à notre niveau. Nous sommes situés à côté du grand marché en face de la SONAR. Nous avons des animatrices qui sont là pour les femmes burkinabè. Vous pouvez venir les voir et expliquer votre activité. Il suffit de faire une copie de la carte nationale d’identité burkinabè, une demande adressée à la directrice générale et déposer. La demande entre dans le circuit.

B24 : Quels sont les montants dont peuvent bénéficier les femmes à votre niveau ?

RDT : De 1990 à  juin 2019, les montants pour les groupements étaient  de 50 000 à 2 millions de FCFA. Pour les individus, le plafond était de 500 000 FCFA. A partir du 1er juillet 2019, nous avons revu les montants à la hausse. Ainsi, pour les groupements nous pouvons aller jusqu’à 10 millions, pour un individu jusqu’à 1 million et les PME à 3 millions de FCFA.

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Nous avons de très bons taux d’intérêt. Pour une activité ayant une échéance de moins de six mois le taux d’intérêt est de 5%, qu’importe votre activité. Pour plus de six mois, le taux d’intérêt est de 10%. Il faut noter que nos crédits sont à court terme maximum 12 mois. Ça dépend des activités. Par exemple, pour l’embouche, c’est six mois et c’est une échéance unique. Et pour le petit commerce, c’est l’échéance mensuelle jusqu’à la fin de l’année.

B24 : Quel bilan pouvez-vous faire actuellement ?

RDT : En 2018, nous avons pu octroyer 10 milliards 460 millions de F CFA à 150 000 femmes sur tout le territoire du Burkina Faso. On a également eu un bon taux de recouvrement d’environ 95%. Les femmes remboursent bien et nous sommes contents de travailler avec elles. C’est le seul fonds de financement uniquement dédié aux femmes.  

B24 : Quel est l’avantage concurrentiel du FAARF par rapport aux autres institutions financières ? 

RDT : La différence entre le FAARF, les banques et les instituts de micro finance, c’est que nous ne prenons pas de garantie. Notre garantie par exemple pour un groupement, c’est le fait qu’elles sont unies. L’autre différence, c’est la proximité. Nos animatrices se déplacent vers les femmes et les groupements pour voir leur activité et les aider à monter leur dossier.

B24 : Que faites-vous en cas de non remboursement du crédit ?

RDT : On fait le suivi. Nos animatrices lorsqu’elles octroient le crédit, elles vont repartir vers les femmes pour suivre leurs activités. Si au bout de l’échéance, elle ne rembourse pas, on va une première fois échanger avec elle pour comprendre pourquoi elle n’a pas pu le faire et on l’incite à rembourser. Si vous ne remboursez pas, vous ne pouvez pas prendre un autre crédit. Si c’est un groupement, et une personne ne rembourse pas, ça pénalise tout le groupe. Cette manière de faire incite beaucoup de gens à mettre la pression les unes aux autres pour pouvoir rembourser le crédit.

B24 : Le Programme d’autonomisation économique des jeunes et des femmes (PAE/JF) a été lancé en juin 2017. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme, 5 fonds nationaux de financement avaient été identifiés pour abriter les guichets spéciaux de financement des promoteurs dont le FAARF. Quel bilan pouvez-vous tirer de la participation dans ce programme gouvernemental ?

RDT : Pour le programme le FAARF exécute la partie qui concerne l’octroi des crédits aux femmes. Pour le PAE/JF 2018, nous devions octroyer 1,6 milliard aux femmes. De nos jours, nous avons commencé le déblocage le 7 mai passé et nous avons octroyé 1,475 milliard de FCFA. C’est fort appréciable et nous allons continuer pour pouvoir permettre aux autres de rentrer en possession des fonds.

B24 : Quelles sont vos perspectives pour l’avenir ?

RDT : Nous allons travailler avec les animatrices pour aider les femmes à monter les dossiers pour qu’on puisse leur octroyer les prêts.

Propos recueillis par Jules César KABORE

Burkina 24

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