Affaire Charbon fin : La mine d’Essakane s’explique

Iamgold Essakane SA s’est ouvert à la presse, le vendredi 31 mai 2019, en deux étapes. D’abord, par une visite des installations de la mine, du processus d’extraction au traitement pour extraire l’or avec les procédés classiques d’une part et avec les technologies dont l’utilisation du charbon d’autre part. Ensuite, la seconde étape a consisté à un échange direct avec les responsables d’Iamgold Essakane SA sur les soupçons de fraude.

En décembre 2018, 32 conteneurs contenant du charbon fin, propriétés d’Iamgold Essakane SA, ont été saisis par la Brigade nationale anti-fraude (BNAF) du Burkina Faso à Bobo-Dioulasso. La mine d’Essakane a-t-elle tenté de frauder ? Des experts ont été commis et l’affaire est instruite par la Justice burkinabè. Mais depuis lors, les Burkinabè veulent y voir plus clair.

Le vendredi 31 mai 2019, le directeur général d’Iamgold Essakane SA, Mohamed Ourriban, accompagné d’une forte équipe, a expliqué le processus d’utilisation du charbon fin qui est une innovation technologie pour maximiser la production d’or.

La mine d’Essakane est une mine à ciel ouvert avec une teneur faible de 1g/tonne de minerai, rappelle le DG dIamgold Essakane SA. « Pour rendre ce projet économique et profitable, il fallait innover. Il fallait implanter des technologies pour maximiser la récupération de l’or. Chaque 100 grammes qui rentre à l’usine, on récupère environ 92g. 8g sont perdus. Chaque pourcentage de gramme de plus qu’on récupère, ça coûte 5 millions de dollars (près de 3 milliards de F CFA, ndlr) comme bénéfice. Donc, c’est très important d’investir dans les technologies qui vont minimiser les pertes de l’or ».

Charbon activé (gauche) et Charbon fin séché émotté (droite) – Ph. B24

Charbon activé (gauche) et Charbon fin séché émotté (droite) – Ph. B24

Ainsi, en plus des procédés classiques de récupération de l’or, du charbon activé, fait à base de carcasses de noix de coco, est utilisé pour capturer les particules fines d’or. Dans le processus d’extraction de l’or avec le charbon, un tamis permet de séparer « le charbon grossier » et « le charbon fin ». Le charbon fin est alors traité et mis dans des sacs pour être expédié vers la fonderie.

Sur son site, la mine d’Essakane a installé depuis 2016, son incinérateur. Ainsi, de 2016 à janvier 2018, par l’incinérateur, « nous avons coulé sous forme de lingot, 155 kg à partir du charbon fin incinéré », relate le Directeur général de la mine qui ajoute que la quantité d’or contenue dans le charbon fin est estimée entre 1 et 1,5% de la production de la mine. « Ce n’est pas beaucoup par rapport à la production », dit-il.

Mais à partir de janvier 2018, « nous avons eu des réparations, des améliorations de l’incinérateur, des résolutions de problèmes mécaniques. Il y a eu une accumulation de charbon et autres résidus car la capacité de l’incinérateur était inférieure à la production journalière », d’où le recours à l’exportation, poursuit Mohamed Ourriban.

Vidéo – Charbon fin saisi : Le processus d’exportation expliqué

Depuis la saisie des 32 conteneurs, la mine est restée muette. Marie Diop, Directrice des affaires corporatives, de la communication et des relations communautaires explique ce fait par « le respect » de la procédure judiciaire engagée. « Le dossier est entre les mains de la justice. Depuis, nous collaborons avec les autorités pour fournir le maximum d’informations (…) Nous avons voulu réserver nos réponses à l’autorité judiciaire et leur laisser le temps de faire les investigations qu’elle avait à faire », dit-elle.

Vidéo – La mine d’Essakane a-t-elle fraudé ? Marie Diop répond.

En 2018, la mine d’Essakane a produit 14 tonnes d’or soit environ 30% de la production nationale. « Une année record pour la mine d’Essakane », indique Mohamed Ourriban, avec une contribution fiscale (taxes, impôts) de 47,9 milliards de F CFA.

Lire 👉 Affaire charbon fin : « Du terrorisme économique », selon l’Opposition

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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