Naaba Sigri de Saponé : Un concepteur de technologies Agro-alimentaires et agro-pastorales

Le Burkina Faso est composé de 80% d’agriculteurs et d’éleveurs. Dans la chaîne de transformation, de nombreux producteurs souffrent du manque de mécanisation dans l’agriculture et du manque d’aliments pour le bétail. Le Naaba Sigri de Saponé a mis au point une technologie pour dynamiser ce secteur. Il s’agit du broyeur polyvalent, du mélangeur d’aliments de bétail et de volaille, de la presse mixte bloc multi-nutritionnel solaire. Le concepteur de la technologie s’est prêté aux questions du site lesaffairesbf.com afin de faire connaître son invention.  

Burkina24 (B24) : Qui est le Naaba Sigri de Saponé ?

Naaba Sigri de Saponé(NSS) : Nous sommes le Naaba Sigri, responsable coutumier de canton de Saponé, innovateur de technologies agro-alimentaires et agro-pastorales de profession.

B24 : Que doit-on comprendre par innovateur de technologies agro-alimentaires et agro-pastorales?

NSS : L’innovation consiste à mettre au point une technique qui répond à un besoin. Et l’innovation ici au Burkina rentre dans le cadre de notre développement. Vu que le Burkina est un pays d’agriculteurs et d’éleveurs, nous avons trouvé la nécessité, d’innover une technologie qui répond à ce besoin. Le broyeur polyvalent  est une innovation qui traite tout ce qui est sous produits agricoles et d’élevage. C’est une idée que nous voulons pour répondre au besoin du producteur et au besoin du transformateur des produits locaux.

B24 : Revenons à vos activités. Qu’est ce que vous avez pu réaliser en termes d’innovation ?

NSS : Dans un premier temps, nous avons pris comme cheval de bataille, d’innover des technologies qui entrent dans la chaîne de production de beurre de karité au Burkina Faso. Dans la transformation, nous avons pris un domaine très sensible, surtout le concassage.

Nous avons mis au point le concasseur d’amendes de karité manuel ou motorisé au Burkina. Une femme nous a dit un jour « Kato ! tu va nous soulager dans notre pénible travail ! ». Et c’est ce nom « KATO » que nous avons donné à notre entreprise qui nous a valu cette notoriété là.

C’est une expression « mossi » qui répond positivement. Le nom « KATO », nous l’avons protégé comme un nom commercial de l’entreprise au niveau de l’organisation africaine de la propriété intellectuelle à l’OAPI. Aujourd’hui, c’est ce qui a fait que nous avons découvert d’autres technologies pour répondre aux activités de l’agriculteur et de l’éleveur au Burkina qui est le broyeur polyvalent.

B24 : Vos produits sont-ils bien écoulés sur le marché national et international ?

NSS : Je remercie Dieu et les ancêtres car le Burkina Faso est un pays en voie de développement. Oui, le broyeur polyvalent répond à des soucis de développement de ce pays. Le broyeur polyvalent a boosté l’élevage. Le pâturage a été diminué, les conflits entre agriculteurs et éleveurs ont été diminués. Le bétail est bien commercialisé aujourd’hui par leur engraissement avec la manière de les alimenter à travers les sous produits qui ne viennent pas de l’extérieur.

Ce sont des sous produits  comme les fanes d’arachide, de niébé, les tiges de maïs, etc. En tout cas, cela a boosté quelque chose significativement depuis que le broyeur est sortie, depuis que l’innovation a pris un envole très significatif au Burkina. Cela nous a valu des marchés de l’Etat qui est le seul distributeur de notre technologie.

B24 : Quelle est votre capacité de production en broyeur polyvalent ?

NSS : La capacité de production de l’entreprise KATO est près de 500 broyeurs par an. Sur le plan économique, ce n’est pas quelque chose à négliger.

Cette technologie fait partie des outils dont le Burkina peut se vanter. C’est une technologie qui est brevetée à  l’OAPI. Nous sommes en légalité avec la fiscalité. Nous employons plus d’une vingtaine de personnes permanentes.

Je veux contribuer significativement à la formation, à la conscientisation de cette jeunesse, en quête d’emploi. La terre a aussi une richesse dont tout jeune Burkinabè qui s’est fait formé peut profiter.

B24 : Concernant le brevet que vous avez obtenu, qu’est ce que cela a apporté dans vos activités et surtout changé votre manière de travailler ?

NSS : Nous avons le brevet depuis 2010 et son année de validation va jusqu’en 2020, qui pourrait tomber dans le domaine public si, nous le renouvelons pas. Mais nous avons l’intention de le renouveler, et d’apporter encore des technologies qui vont accompagner ce même broyeur. Le brevet nous a apporté beaucoup.

Il y a une loi disant qu’une technologie qui est brevetée, par un inventeur, par un innovateur  au Burkina, il a la priorité que l’Etat ait un regard s’il répond au développement de ce pays.

J’ai obtenu des contrats avec l’Etat et j’ai pu les exécuter à bon terme sur toute l’étendue du territoire national depuis 2013.

B24 : Toute la technologie est-elle faite au Burkina Faso ? Certains produits sont-ils importés ?

NSS : Toute la technologie est faite au Burkina. Le pays ne produisant pas du fer, il est normal  qu’il en importe ainsi que les accompagnants de la technologie telle que les moteurs que le Burkina ne conçoit pas non plus.

B24 : Qui sont vos potentiels clients ?

NSS : Je remercie l’autorité politique qui a eu confiance à cette technologie innovante pour le progrès du Burkina Faso. C’est l’Etat qui est notre client potentiel. Le broyeur polyvalent est subventionné aujourd’hui auprès des producteurs. Actuellement, le prix c’est 1 750 000 FCFA. Il était d’environ 2,5 millions de FCFA.

 

 

B24 : Quelles sont les perspectives de l’entreprise Kato ?

NSS : Nous avons l’intention d’incuber quelques technologies dans les jours à venir, et nous allons installer des unités de transformations d’aliments de bétail et de volaille sur toute l’étendue du territoire. Notamment, sur les 13 régions du Burkina Faso et sur 45 provinces du Burkina ainsi que les 385 communes. C’est très important dans un pays pauvre comme le Burkina. Nous nous disons que chaque unité de transformation d’aliments à bétail peut employer au moins 15 personnes.

Dans le cadre de cette technologie, nous disons que le cloisonnement des animaux est nécessaire pour ne plus laisser les animaux en divagation et détruire notre environnement. D’ici 2030, si le Burkina ne cherche pas une solution à son espace cultivable et de pâturage, le pays aura un problème. Il faut redimensionner les espaces cultivables  et de pâturage pour faire une bonne agriculture et un bon élevage.

Propos recueillis par Jules César KABORE

Lesaffairesbf

2 Commentaires

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  • nignan
    24 juillet 2017 at 11 h 15 min - Reply

    Bonjour je prépare un terrain de l’agriculture et élevage dans le ziro donc je voulais l’appui de naaba sigri de Saponé:je voulais adresse complète.merci de bien vouloir repondre

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