Tiémoko Meyliet KONE, Gouverneur de la BCEAO - © Aouaga.com

Le gouverneur de la BCEAO s’insurge contre les détracteurs du F CFA

Ces dernières années, le système monétaire valable dans l’UEMOA, à la CEMAC et aux Comores est l’objet d’un procès accablant de la part de certains économistes. Dans une interview du Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Tiémoko Meyliet Koné, accordée au magazine Afrique Méditerranée Business, dans son numéro 16 de novembre-décembre 2016 – janvier 2017, Tiémoko Meyliet Koné sort de sa réserve pour réfuter les critiques contre le F CFA. 

« J’entends dire que rien n’a changé depuis 1962 alors qu’il y a eu dans l’UEMOA, plusieurs réformes importantes entre 1975 et 2008 : les mécanismes et instruments de la politique monétaire ainsi que la gestion du F CFA ont évolué pour s’adapter aux besoins des Etats.

Ces réformes incluent les dispositions de la convention signée avec la France sur le taux de centralisation au compte d’opérations qui est passé de 65% des réserves à 50% depuis 2005. Toujours dans le cadre de cette convention, des discussions sont en cours avec le Trésor français sur l’impact de l’inclusion de la monnaie chinoise dans le panier de devises du DTS (droits de tirage spéciaux). C’est une décision importante dont les répercussions doivent être analysées dans la gestion de nos réserves de change », le Gouverneur de la BCEAO aux détracteurs du franc CFA dénonçant un système obsolète n’ayant pas évolué depuis plus de trente ans.

Le Gouverneur Tiémoko Meyliet Koné a rappelé lors de cet entretien que l’objectif principal des pères fondateurs du dispositif monétaire commun visait à créer une zone de solidarité monétaire dans l’esprit de garantir une monnaie stable et convertible, indispensable au développement économique. Ainsi, cette vision de création d’une monnaie commune fonde les accords de coopération monétaire signés avec la France.

A ce titre, la solidarité et la stabilité de cette union ont permis aux économies de la zone de résister aux diverses crises et aux États membres de réaliser de bonnes performances économiques. Aussi, martèle-t-il, « la Côte d’Ivoire, par exemple, après plus d’une décennie de troubles, a renoué avec une croissance forte, entre 8 et 9% du PIB ».

Il rappelle, par ailleurs que tous les autres pays de la zone affichent un essor moyen de 6,5% en 2015 avec une prévision de 7% pour 2016. Ce qui atteste donc du rôle et de l’utilité du franc CFA qui nécessitent d’être renforcé par des politiques orientées vers l’assainissement du cadre macroéconomique et la transformation des économies.

Les critiques du franc CFA, une sorte de fonds de commerce

Le Gouverneur recadre clairement la question de l’indépendance des banques centrales africaines vis-à vis de Paris. Selon lui, les critiques sur le F CFA sont devenues une sorte de fonds de commerce pour certains. « Ceux qui s’intéressent réellement au sujet savent que, dans l’UEMOA, c’est évidemment la Banque centrale et le Comité de politique monétaire qui décident des actions appropriées en fonction du contexte », ajoute-t-il.

Il cite l’exemple du taux directeur de la BCEAO fixé par le Comité de politique monétaire à 2,5% depuis septembre 2013. « C’est l’un des plus bas en Afrique, mais supérieur à celui en vigueur dans la zone euro, qui est quasi nul », précise-t-il. Et de poursuivre avec fermeté: « nous n’avons pas demandé la permission à la France pour fixer ce taux. Nous avons agi en fonction des exigences de nos économies, dont la croissance a besoin d’être soutenue ».

Ces critiques sont restée les même depuis 40 ans et présentent les même lacunes

Selon le Gouverneur, le débat sur le F CFA et les critiques liées à l’idée de servitude n’ont guère changé depuis 40 ans. Monsieur Koné de poursuivre que les arguments avancés sur les inconvénients du F CFA ne sont pas plus convaincants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient à l’époque.

Ils présentent les mêmes lacunes relevant de la méconnaissance des évolutions du fonctionnement institutionnel, des instruments mis en œuvre et des actions menées. Tiémoko Meyliet Koné déplore le fait que les critiques formulées jusqu’ici ne soient pas « appuyées par des études scientifiques crédibles démontrant les méfaits du F CFA ».

Répondant à la question de savoir si le système CFA pourrait être remplacé par l’union monétaire de la CEDEAO et sa monnaie unique, l’Eco promises à l’horizon 2020, le Gouverneur de la BCEAO réaffirme qu’adopter une monnaie unique de la CEDEAO est une volonté politique affichée par les premiers responsables des pays qui la composent.

« Les travaux sont en cours pour parvenir aux convergences souhaitables et préparer le cadre institutionnel ainsi que les critères de surveillance appropriés. La mise en œuvre effective nécessitera que les Etats respectent ces critères malgré leurs spécificités et les aléas de la conjoncture », a-t-il conclu.

Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU

Burkina24

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