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Economie : La « renaissance africaine » exige des politiques, des réflexions sur le « long terme »

La croissance observée ces 15 dernières années a fait naître un espoir assimilé à la « renaissance de l’Afrique », au « miracle africain ». Un espoir naissant avec en face deux grands problèmes : les « écarts importants entre les taux de croissance et l’ampleur de la réduction » de la pauvreté et la fluctuation du cours des matières qui recommande « de se garder de conclure » que l’actuelle trajectoire de croissance est tenable ou suffisante pour faire réellement diminuer la pauvreté ». C’est là la principale information à retenir du Rapport sur le développement en Afrique 2015.

L’étude a combiné la pauvreté monétaire et la pauvreté patrimoniale en s’appuyant sur des enquêtes démographiques et de santé menées dans 37 pays africains, et a concerné en plusieurs vagues quelques 750 000 ménages.

La « renaissance africaine » a été vantée dans le monde entier, notamment grâce à l’envolée des cours des matières premières, à une meilleure qualité de la gouvernance et des institutions, à l’allègement de la dette et l’augmentation des flux d’aide, aux conditions plus favorables pour l’agriculture et enfin à l’émergence d’une classe moyenne.

Et « malgré cette croissance impressionnante » peut-on lire dans le rapport, « il faut se garder de conclure que l’actuelle trajectoire de croissance est tenable ou suffisante pour faire réellement diminuer la pauvreté ». En plus, « on constate des écarts importants entre les taux de croissance et l’ampleur de la réduction de la pauvreté » sur le continent.

Comparaison faite avec les autres régions en développement que sont l’Asie du Sud et de l’Est, « les progrès de l’Afrique restent décevants » en raison de la croissance du PIB par habitant qui contribue deux fois moins à la réduction de la pauvreté qu’en Asie. Ce qui fait que « l’Afrique est, après l’Amérique latine, la région la plus inégalitaire de la planète ».

Inégalités frappantes

Les inégalités constatées çà et là, relève l’étude, sont liées aux effets de la croissance sur la pauvreté qui dépendent de la distribution initiale des revenus et de son évolution. Des inégalités « marquées » qui réduisent l’élasticité de la réduction de la pauvreté par rapport à la croissance économique.

« Par conséquent, recommandent les experts de la BAD, si l’Afrique veut réellement faire reculer la pauvreté, elle doit non seulement maintenir la croissance, mais aussi rendre les sociétés plus égalitaires et diversifier les économies pour générer davantage d’emplois ».

Obstacles à surmonter

Les principaux obstacles à la croissance future de l’Afrique tiennent à la difficulté de maintenir ces taux de croissance et de favoriser la transformation.

Pour que l’Afrique tire parti de son dividende démographique, soulignent les experts, exactement comme l’ont fait les pays d’Asie, elle doit surtout et de toute urgence doter sa jeunesse des compétences qui lui permettront d’être productive sur le marché du travail et sans perdre de vue le niveau de recrutement du secteur privé qui ne progresse pas au même rythme.
Valeur ajoutée par secteur au PIB

Le continent, constatent les experts, ne pourra se maintenir dans le temps que par l’amélioration des technologies de production, de l’infrastructure et du capital humain, et par l’assainissement du climat des affaires. Plus important encore, notent-ils, la transformation structurelle n’a pas encore eu lieu, car « les effectifs du secteur agricole, qui ne cessent de décroître, sont absorbés non pas par les industries manufacturières à forte intensité de main-d’œuvre, mais par les secteurs des services (commerce) à faible valeur ajoutée, ou par le secteur informel ».

Alors que, soulignent-ils, « les travailleurs qui quittent l’agriculture (migrants potentiels) doivent acquérir les compétences requises pour occuper des emplois plus productifs dans d’autres secteurs ».

Implémenter des solutions sur le long terme

Au nom de la mondialisation et de plus, plus l’Afrique s’intègre dans l’économie mondiale et s’expose par la même occasion aux « chocs négatifs » qu’elle engendre. Et même si, « l’avenir des investissements directs étrangers en Afrique semble prometteur en raison de la persistance d’une forte demande mondiale de ressources naturelles », le risque subsistera aussi longtemps que « les gouvernements ou les entrepreneurs africains continuent de signer des contrats en se concentrant avant tout sur les bénéfices et les redevances à court terme, au détriment du long terme ».

Synthèse de Oui KOETA

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