Incendie des marchés : Le 10 yaar a échappé aux pyromanes

Le marché du secteur 10, communément appelé 10 yaar (situé au secteur 8 de Ouagadougou dans le nouveau découpage administratif) est devenu le poumon économique de la ville et du Burkina pour certaines personnes après l’incendie du grand marché « Rood woko » en 2003. Nous avons rencontré le délégué de ce marché, Salif Sankara, qui nous explique que des « individus malsains » ont tenté, le vendredi 22 janvier dernier, d’incendier le 10 yaar.

La psychose s’est emparée des commerçants depuis le début de la série d’incendies qui ravage certains marchés et autres lieux de commerce partout dans le pays. Dans plusieurs villes du Burkina, plusieurs boutiques ont, mystérieusement, été touchés par les flammes.

Drôle de coïncidence estiment certains, et de nombreux citoyens n’hésitent plus à qualifier ces actes de sabotage et de criminels. C’est dans ce contexte de peur généralisée que nous avons rencontré le délégué du 10 yaar, Salif Sankara qui nous fait des révélations.

Sales besognes. L’information n’a pas circulé dans la presse nationale, mais le « poumon économique » de la ville de Ouagadougou a failli partir en fumée n’eut été la vigilance et l’anticipation des commerçants du marché. Au vu des incendies répétitifs, relate Salif Sankara, les commerçants ont renforcé l’équipe de nuit en charge de la surveillance du marché. Ce sont des jeunes qui ont été appelés pour cette tâche.

« Le vendredi 22 janvier, un groupe d’une dizaine de personnes est venu pour accomplir de sales besognes. Quand nous les avons vus, ils se sont dispersés pour s’engouffrer dans les six mètres par sous-groupes de deux personnes.

Un sous-groupe a alors incendié des hangars vers la gare de SNF (non loin du marché du 10 yaar, ndlr), mais nous nous sommes dit que c’est pour nous attirer afin de pouvoir revenir au marché. Donc nous ne sommes pas allés voir », a expliqué laconiquement Salif Sankara.

De ses dires, l’instauration du couvre-feu ne leur était d’aucune aide. Mais avec sa levée, exulte-t-il d’une manière peu cachée, « nous allons pouvoir mieux assurer la sécurité de nos biens ».

Pour sécuriser le marché, la Régie autonome de gestion des équipements marchands (RAGEM) a rencontré les différents délégués des marchés et yaars de la capitale le mardi 26 janvier dernier. Des instructions ont été données pour renforcer la surveillance des lieux de commerce.

Les gardiens (…) dorment. En sus des vigiles habituels, des policiers ont été appelés en renfort. La RAGEM a également autorisé les bureaux de chaque marché à y associer d’autres personnes (1). Mais elles doivent être prises en charge par les bureaux. « Nous avons retenu des jeunes que nous rémunérons à hauteur de 4 000 F CFA la nuit et par personne pour assurer la garde et aider les gardiens qui parfois dorment », raconte Salif Sankara.

Continuant dans la même lancée, le délégué du 10 yaar est catégorique : « les gardiens seuls ne peuvent rien faire. Il m’est arrivé, après avoir klaxonné en vain, d’aller tapoter certains (gardiens) pour qu’ils se réveillent ».

Mais cette prise en charge par nuitée des jeunes épuisent les caisses du bureau. Une cotisation volontaire a donc été demandée aux commerçants du 10 yaar, mais difficile à avaler pour certains qui restent dubitatifs quant à l’utilisation finale des sous.

« Je ne sais même plus en fin de compte ce que je dois faire. Nous les commerçants, on veut une chose et son contraire, aidez-nous avec des sensibilisations », finit-il par lancer après avoir raclé du fond de sa gorge, un brin de désarroi.

Yannick SAWADOGO

Burkina 24

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