Mustapha Gouba, gérant d'une boutique sur l’avenue Kwamé N’Nkrumah,

Entrepreneuriat : Les ambitions d’un boutiquier

Mustapha Gouba est aujourd’hui un boutiquier sur l’avenue Kwamé N’Nkrumah, derrière la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR). Il vivait en Côte-d’Ivoire, où la crise ivoirienne lui a fait perdre ses biens. Il est ainsi revenu au bercail en 2007, avec la ferme volonté d’arriver au bout de ses projets. Sa boutique, qui était un tablier en 2007, est promise de devenir bientôt un super marché, selon lui.

Burkina24 (B24) : Racontez-nous comment vous avez commencé.

Mustapha Gouba (MG) : Quand je suis revenu de la Côte-d’Ivoire, je n’avais rien à faire. J’ai alors décidé de travailler dans les chantiers. Et dès qu’on me payait, j’achetais des paquets de cigarettes.

J’ai travaillé par exemple sur le site de l’Hôtel indépendance. Avec l’argent que je gagnais, j’ai réussi à ouvrir ma boutique en 2007 et c’était un tablier. La journée je travaillais sur les chantiers, et la nuit je vendais dans ma petite boutique.

Les débuts n’ont pas du tout été faciles. C’était même très dur mais la vie est un combat. J’ai pu tenir et je peux dire qu’aujourd’hui, ça va. La première difficulté, c’était la question des moyens. Sans moyens, il est impossible de travailler. Personne ne m’a aidé. J’ai dû me débrouiller seul. Et c’est seulement le travail sur les chantiers qui m’a permis de lancer mes projets.

B24 : Comment expliquez-vous ce progrès du tablier à cette boutique que vous gérez aujourd’hui ?

MG : Je peux dire que le seul secret, c’est le travail. Si tu aimes ce que tu fais, tu as des résultats. Dans le cas contraire, tu ne pourras pas réussir. Moi, personnellement j’aime ce que je fais. Je travaille jour et nuit, presque sans repos.

Dans le commerce, c’est toujours petit à petit. Et même si c’est difficile, il faut tenir bon car ça finit par bien aller. Si quelqu’un commence par exemple avec 25 000 F CFA, et qu’il arrive à un moment à avoir des produits qui s’élèvent à un ou deux millions de F CFA, il faut reconnaître que les choses avancent.

Une vue du contenu de la boutique

Une vue du contenu de la boutique

B24 : Etes-vous seul à gérer la boutique ?

MG : J’avais un employé, mais il est parti. Aujourd’hui, je travaille avec mon frère car je n’arrive pas à moi seul à gérer la boutique. Je dois aller livrer des marchandises par exemple. Et pour cela, c’est moi-même qui recherche les clients.

Aujourd’hui, il est nécessaire de s’approcher des gens pour leur proposer tes produits. Je pars donc les nuits dans les restaurants. Et là, je discute avec tout le monde, juste pour avoir les contacts avec les patrons. Par la suite, ils me font des commandes. Et parfois même, ces personnes me mettent en contact avec d’autres personnes pour des commandes. Il y a beaucoup de restaurants, ainsi que des Libanais et des Indiens qui prennent des produits avec moi.

B24 : Quels sont les produits que vous vendez le plus ?

MG : C’est l’eau minérale qui marche le plus, comme je suis en centre-ville. Mais il y a aussi les autres boissons, avec les commandes.

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B24 : Qu’avez-vous retenu comme leçon de votre parcours ?

MG : C’est que le travail paye. Il faut que chacun se batte pour se réaliser. Certains jeunes pensent que le gouvernement peut tout faire pour eux. Pourtant, l’Etat ne peut pas aider tout le monde. Il faut que chacun de son côté fasse l’effort pour créer, dans le domaine de ce qu’il connaît. On dit toujours que ça va aller, mais ça ne va jamais aller, tant qu’on est assis.

Personnellement je pense qu’il n’est pas possible d’entreprendre sans financement. Moi j’ai pris un petit crédit de 800 000 F CFA pour cette boutique et aujourd’hui, j’ai tout remboursé. Ce que je conseille donc, c’est de prendre un petit crédit si nécessaire.

Mais on ne peut pas financer quelqu’un qui ne travaille pas. Le mieux c’est toujours de démarrer avec ce qu’on a, et quand on verra l’effort, le soutien viendra. Il y a du travail à mon avis, mais le problème avec certains, c’est qu’ils veulent avoir ce qu’ils souhaitent d’un coup.

Même si tu n’es pas allé à l’école, toi-même tu peux arriver à créer quelque chose. Cette boutique c’est moi qui l’ai développée. Malgré que je n’ai pas étudié, si quelqu’un me demandait le montant total de son contenu, d’ici demain je pourrai lui répondre.

B24 : Une chanson courante que tout le monde connaît, c’est que les affaires ne marchent plus depuis l’insurrection populaire. Quel est votre avis ?

B24 : Pour un commerçant, même s’il n’y a pas de problème au pays, il y a des moments où les affaires vont bien et d’autres moments où ça ne va pas. Beaucoup de personnes parlent de cette situation, mais selon moi il ne faut accuser personne. Je peux dire que le marché dépend de Dieu.

Même avant l’insurrection, il y avait des moments où les affaires allaient mal. Et actuellement aussi, il y a de bonnes affaires. Par exemple, un jour on peut vendre à hauteur de 50 000 F CFA, et un autre, on ne vend rien. Ce n’est la faute de personne. Pour moi, il n’y a pas eu de changement. Et puis, une boutique c’est comme une pharmacie, quelle que soit la situation, les gens sont obligés de consommer.

B24 : Quels sont vos projets?

MG : Mon plus grand projet est de transformer cette boutique en super marché. Il y a assez de place qui peut servir à cela. Dans la zone, il n’y en a pas, et je pense que ce sera une initiative utile pour les voisins. De la même façon, j’ai commencé lentement avec le tablier, je pense que le super marché aussi sera fait. Peut-être d’ici une année, ce sera fait, si Dieu  le veut et si je suis en bonne santé.

Entretien réalisé par Ali NANA

Lesaffairesbf

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