Bado Da Anicet, jeune entrepreneur © Burkina24

Entrepreneuriat : Bado Da Anicet encourage les jeunes à commencer « petit à petit »

Titulaire d’un MBA en administration des affaires, d’une maîtrise en science de gestion et d’une licence en science économique et de gestion, Bado Da Anicet a décidé de se lancer dans les affaires, et ce depuis 2009. Après avoir attendu qu’une opportunité d’embauche dans une entreprise s’offre à lui, il finit par se rendre à l’évidence que le chemin le plus sûr est celui qu’on trace soi-même. C’est alors qu’il a ouvert un maquis, et a investi le monde du commerce au sein duquel il voit plusieurs façons d’entreprendre en commençant toujours « petit à petit ». Il dévoile aussi ses projets, et explique les difficultés rencontrées, dans cette interview qu’il nous a accordée le 7 octobre 2016.

Burkina 24 (B24) : Dites-nous vos domaines d’intervention.

 Bado Da Anicet (BDA) : Je suis un entrepreneur et j’évolue dans le commerce, dans les affaires et tout ce qui peut être une opportunité.

Au début, j’ai commencé par suivre mes amis commerçants, et c’est de là que j’ai eu envie de faire le commerce. Tout jeune a un rêve et pour l’atteindre, il faut mettre les moyens. Avec mes diplômes, j’aurais pu travailler dans une structure de la place. Mais après les stages, j’ai essayé de tâter le terrain comme mes frères mais je n’ai pas eu de boulot et je me suis dit « devrais-je m’asseoir en attendant d’avoir un boulot, ou essayer d’entreprendre ?»

Comme j’étais dans le Show-biz, j’ai donc décidé de faire un maquis. C’est de là qu’est partie mon idée d’entrepreneuriat. J’ai commencé par ce maquis dont le nom est “Maquis le sanguié l’original” qui se trouve en face de la mairie de Nagrin, juste collé à la cave du sud.

Par la suite j’ai créé ma société BATRACOR qui veut dire Bado Trade Corporate. Je fais du commerce général, de l’import-export, des prestations de service, je soumissionne aux marchés privés et publics .J’ai essayé de généraliser  la société et comme c’est un début, je vais essayer de tâter de gauche à droite afin de voir dans quel domaine je me sens le mieux pour me spécialiser.

En plus, je fais des voyages sur Dubaï etc. De là-bas j’envoie divers articles comme les téléphones portables, les ordinateurs, les tablettes et bien d’autres qui pourront plaire à la population.

B24 : Comment se sont passés vos débuts dans le monde des affaires ?

BDA : Je suis toujours à mes débuts parce que je ne suis pas encore stable. Je n’ai pas encore de local. Mais en toute chose, il faut vraiment se battre pour  réaliser ses rêves, et ne jamais se décourager parce que rien n’est facile et il faut avoir peur de tout ce qui est facile. Je me dis toujours que c’est lorsque c’est  difficile qu’il y a la réussite ; du coup, quand je sens une difficulté ça m’encourage à persévérer.

B24 : Avez-vous bénéficié d’un soutien financier ?

 BDA : Concernant mon maquis, quand j’étais étudiant, on m’appelait “l’étudiant commerçant”. Cela parce que quand je n’avais pas cours, je  venais au marché pour prendre des marchandises avec des amis commerçants que je revendais. J’ai donc fait des économies. J’en ai également parlé à mes parents qui m’ont soutenu financièrement. Donc en plus de mes économies, j’ai pu ouvrir mon maquis.

B24 : Quelles difficultés rencontrez-vous dans le domaine de l’import-export ?

 BDA : Au fait l’import-export c’était pour généraliser mon activité. Je ne suis pas encore arrivé au niveau où je peux faire entrer des conteneurs pour vendre des marchandises aux grossistes. Je ne suis pas arrivé à  ce niveau, mais c’est un objectif que je dois atteindre.

Les difficultés ne manquent pas. Quand j’achète la marchandise, elles sont acheminées par voie aérienne et lorsqu’elles arrivent à l’aéroport, il faut les dédouaner. Aussi, il y a souvent des taxes , ce qui fait que c’est très compliqué quand on doit revendre ces marchandises. Le  plus souvent on est obligé de passer par la négociation. Tout compte fait, on arrive à s’en sortir.

B24 : Comment appréciez-vous le rapport avec votre clientèle ?

 BDA : Voyez-vous, certains clients sont très capricieux. Prenons le cas du maquis : lorsqu’un client commande une boisson et qu’on lui envoie, il peut dire que ce n’est pas la boisson qu’il a commandée, du coup il est difficile de faire plaisir à tous les clients. Il faut juste cibler sa clientèle et être très patients.

En ce qui concerne le commerce, cela revient au même. Lorsqu’on envoie les marchandises, certaines personnes veulent prendre à crédit et quand on refuse, ce n’est pas toujours aisé d’écouler la marchandise. C’est donc à toi de faire le juste milieu en octroyant le crédit à ceux qui peuvent le solder.

Je prends mon cas ; de par le passé, j’ai eu à faire confiance à certaines personnes qui ont pris ma marchandise à crédit, et récupérer mon argent était devenu tout un problème. Mais moi je n’en ai pas fait un problème parce que je prends cela comme une expérience. La prochaine fois, je saurai avec qui travailler et aussi à qui faire crédit et à qui ne pas le faire.

B24 : Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur  à ce jour?

 BDA : Mes projets à moi, c’est d’abord d’ouvrir mon bureau pour la société BATRACOR pour les soumissions des marchés. Ensuite, j’envisage ouvrir une grande boutique où je ferai mon commerce, par exemple pour la vente des high-tech et autres.

Et après je verrai comment agrandir mon maquis, et pourquoi pas ouvrir d’autres maquis. Il y a aussi d’autres projets que je suis en train de rédiger.

B24 : Vous êtes jeunes. Que conseillerez-vous aux autres jeunes en quête d’emploi ?

 BDA : Franchement, j’étais dans leur cas. J’ai cherché du travail, j’ai bataillé dur. J’ai même compté sur mes proches qui avaient des postes ou des opportunités de m’embaucher ou de me présenter à des personnes qui avaient la possibilité de m’embaucher et jusqu’à présent, je n’ai pas eu une proposition d’emploi.

Du coup, je me dis qu’il ne faut pas forcement compter sur l’Etat ou le privé, il faut plutôt essayer d’entreprendre, toute chose qui n’est pas du tout compliqué.

C’est vrai qu’il faut viser haut mais pour accéder à ce niveau, il faudra passer par le plus bas niveau.

Je prends l’exemple d’un étudiant. A sa première année, je pense qu’avec son argent de poche, il peut faire des économies.

Avec 150 000 FCFA,  on peut ouvrir un kiosque. Il  peut par exemple l’installer devant son école et il le met en location à 1000 FCFA  par jour. Il se retrouve avec 30 000 FCFA le mois et en une année, s’il a pu faire des économies, il peut encore disposer de 150 000 FCFA  pour ouvrir un autre kiosque l’année suivante.

Il peut en faire autant dans divers établissements. Imaginons qu’à sa cinquième année, il se retrouvera avec 5 000 FCFA par jour. Ainsi, par moi, il se retrouvera avec 150 000 FCFA  et devient un fonctionnaire avant d’avoir fini  l’école.

Il ne faut pas sauter du coq à l’âne. Petit à petit, l’oiseau fait son nid, et il n’y a pas de sot métier.

On peut même commencer par être un vendeur-ambulant d’unités, ou même vendre les unités en classe avec les camarades de classes et ceux des autres classes de l’école.

Ce sont des possibilités qu’on ne prend pas toujours en compte, mais qui peuvent t’amener à grandir. Donc il ne faut pas compter sur l’État ou le privé.

 B24 : Avez-vous quelque chose à ajouter ?

 BDA : Je voudrais m’adresser à mes frères et à mes sœurs, on ne choisit pas la famille à laquelle on veut naître mais on peut tout mettre en œuvre pour devenir ce qu’on veut être. Il faut juste mettre les moyens pour y arriver.

Entretien réalisé par Issouf NASSA

Lesaffairebf

 

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