Ici au Faso : Quand la marque North Hill s’invite dans la peau des grandes célébrités

Michael Friggit Konaté est un entrepreneur Franco Burkinabè, qui nourrit une grande passion pour la musique et la mode. Au fil des années, il avançait sans pour autant donner vie à cette passion. Chemin faisant, il rencontre Christophe et Zihad, qui eux aussi partagent les mêmes passions, que lui. Comment donner vie à ce grand sentiment ? A trois, ils s’unissent pour créer la marque Nort Hill en 2014. Cette marque en elle seule allie la musique et la mode. Tirant leur inspiration de la rue du Nord de Paris, ces hommes de la mode confectionnent des vêtements streetwear pour homme. Aujourd’hui, cette marque ne passe pas inaperçue dans les rues de la France et même partout ailleurs, car elle est sollicitée par plusieurs. Des grandes célébrités en raffolent. T-shirt, casquette, capuche, sont entre autre leurs créations. Dans une interview accordée à Burkina 24, Michael Friggit Konaté, nous plonge dans l’univers de la mode.

Burkina 24 : Dites-nous pourquoi avoir choisi d’embrasser la mode?

Michael : Le choix de la mode n’a pas toujours été une évidence, il est né d’une passion pour la musique. Avec mes associés nous avons d’abord crée un blog de musique. Pour rentabiliser le projet nous avons imprimé quelques teeshirts et les avons vendus. Ca a tellement bien marché que nous avons décidé de nous lancer dans les vêtements. Notre marque a donc toujours gardé un vrai lien avec la musique et les artistes dans son ADN

Christophe Michael et Zihad, les trois fondateurs de la marque North Hill

Burkina 24 : Quel style faites-vous spécifiquement?

Michael : Nous faisons des vêtements streetwear pour homme

Burkina 24 : C’est quoi le streetwear et pour quoi ce style?

Michael : Le streetwear c’est un style qui a des origines communes avec le style musical du Hip-Hop et du Rap. On retrouve beaucoup de pièces simples et confortables à porter au quotidien: Sweatshirt à Capuche, T-Shirt, Casquette etc…

Burkina 24 : Pourquoi le streetwear et pas autre style ?

Michael : A la base pour la passion du Hip-Hop. Ensuite, je pense que quand on fait une marque mieux vaut se limiter à un style particulier pour être certain d’avoir une image de marque simple et compréhensible.

Burkina 24 : Il est connu de tous que le Burkina est un pays producteur de coton par excellence, collaborez-vous avec des producteurs burkinabé ?

Michael : Malheureusement non. Nous avons eu plusieurs contacts avec des fabricants artisanaux, cependant la quantité de tissu dont nous avons besoin ne pouvait pas être produite par les producteurs non industriels. J’ai cependant eu la chance de rencontrer de nombreux producteurs durant le SICOT et j’espère pouvoir collaborer avec eux prochainement.

Burkina 24 : Avez-vous déjà une représentation au Burkina Faso?

Michael : Non, nos seules représentations sont sur le marché Français, là où nous fabriquons.

Burkina 24 : Côté clientèle, avez-vous des clients qui s’intéressent à votre marque au Burkina Faso?

Michael : Oui, et j’en suis flatté. De nombreuses personnes au Burkina Faso ainsi que des burkinabè de la diaspora s’intéressent à notre marque et l’achètent.

Burkina 24 : Que faites-vous pour la promotion de votre marque aux pays des hommes intègres ?

Michael : Nous aimons toujours soutenir les artistes burkinabè, et nous sommes donc fiers d’habiller de nombreux musiciens du pays comme: Skeezy, Pr Patman, Lord Hk, Smockey. Cependant nous n’avons pas à l’heure pour but de vendre nos vêtements fabriqués à Paris au Burkina. L’idée serait plutôt de vendre localement des produits fabriqués au Burkina

Burkina 24 : Comment se procurer des habits qui portent votre marque au Burkina ?

Michael : Pour l’instant il faut acheter en ligne

Burkina 24 : Le Burkina regorge de grands noms dans le domaine de la mode en l’occurrence Pathé’o, François 1er, Black et bien d’autres, comment à votre niveau vous appréciez leur travail ? Quels sont vos rapports avec les stylistes burkinabé ?

Michael : J’ai toujours beaucoup apprécié le travail des nombreux grands couturiers burkinabè. J’ai eu la chance d’échanger avec François 1er et Alexandre Zongo, et j’aimerais beaucoup pouvoir rencontrer Pathé’o. Ce n’est que récemment que j’ai connu Black et j’apprécie son travail. Ma première forme de soutien à leur travail est évidemment de consommer leurs produits.

Burkina 24 : Avec lequel aimeriez-vous travailler ?

Michael : J’aimerais travailler avec tous les couturiers burkinabè, dans la conception de produits locaux, mais surtout dans la production. Selon moi, nous avons toujours un grand problème d’infrastructure dans la filière textile au Burkina. La preuve, nous exportons 99% de notre coton brut. Il faut vraiment réussir à soutenir les fabricants locaux sur toutes les étapes de la production. Permettre de valoriser le travail artisanal mais également industrialiser le pays à de nombreux niveaux. Il est dommage que des marques talentueuses locales n’aient pas la possibilité de fabriquer et de vendre 100 000 vêtements à l’année au Burkina, alors que c’est quelque chose de très courant dans tellement de pays du monde.

Burkina 24 : Pensez-vous dans le futur vous installer au Burkina Faso avec votre marque ?

Michael : Oui, c’est un objectif à moyen terme. Nous voulons installer une partie de notre production au Burkina. Cela nous permettra de nous fournir en coton burkinabè, de pouvoir créer une offre locale de notre marque, et également d’aider à l’industrialisation de la filière coton au BF.

Burkina 24 : Le Burkina dans sa politique prône le consommons local, inscrivez-vous dans cette logique ?

Michael : Je suis tout à fait d’accord avec cette vision. Notre marque est française, et nous avons pris l’engagement de fabriquer et consommer localement là-bas. Consommer local permet de créer des emplois et de faire fonctionner la machine économique en gardant l’argent dans le pays. Il faut encourager cela au Burkina. J’ai déjà depuis de nombreuses années entrepris des démarches pour soutenir la production locale, et j’espère qu’elles aboutiront bientôt.

Burkina 24 : Nombreuses sont les grandes marques en Europe, comment arrivez-vous à vous en sortir dans le milieu ?

Michael : Il est vrai qu’en Europe, plus particulièrement en France, il y a énormément de concurrence. Pour se démarquer il faut donc tout d’abord se concentrer sur le produit. Avoir un beau design et un produit de qualité, c’est le plus important. Sans ça, rien ne marchera.

L’artiste Tiakola dans la tenue North Hill

En plus, de nombreuses stars ont porté nos vêtements et nous ont ainsi aidé à donner de la visibilité à la marque. Les chanteurs Tiakola, Youssoupha, Kery James, Adekunle Gold, Rema, C Kay, Naira Marley pour ne citer qu’eux apprécient et mettent en valeur nos créations sur scène et dans leurs clips.

L’artiste Naira Marley dans la tenue North Hill

Enfin, nous avons fait le choix payant de la production locale. Nous sommes basés à Paris et c’est là que nous fabriquons, au lieu d’importer des produits chinois comme la plupart de nos concurrents. Cela nous coûte plus cher, certes, mais nous nous assurons d’avoir un produit de bonne qualité. Nous pouvons aussi soutenir la filiale textile locale affaiblie par le libre-échange et les importations en masse. Le problème aujourd’hui c’est que la filiale textile au Burkina n’est pas assez développée pour pouvoir faire la même chose. Je le répète, si demain les créateurs Burkinabè voulaient fabriquer des dizaines de milliers de pièces localement, comme nous le faisons en France, ce serait très compliqué pour eux car la filière manque d’infrastructures. C’est vraiment une chose qu’il faut changer au plus vite et j’aimerais amener ma pierre à l’édifice.

Burkina 24 : Quelles sont vos stratégies de vente?

D’abord, Vendre des produits fabriqués localement à notre public cible. Enfin, Vendre directement au client final (retirant ainsi la marge de l’intermédiaire) pour offrir un meilleur rapport qualité prix.

Interview réalisée par Sié Frédéric KAMBOU

Burkina 24

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