Safiatou Lopez : « Cette Chambre de commerce, elle n’a pas changé et elle ne changera pas»

Les élections consulaires ont eu lieu le 13 novembre 2016, et certains résultats sont déjà connus.  Safiatou Lopez/Zongo, qui prétendait à la présidence, déclare déjà n’avoir pas bénéficié du nombre de voix nécessaires pour être élue déléguée, parmi les 151 à être désignés. Elle  l’a déclaré sur son compte Facebook et les réseaux sociaux en bruissent depuis ce dimanche. Elle dénonce des faits de fraude et de corruption le jour des élections. LesAffairesbf l’ont approchée ce 14 novembre 2016 pour mieux comprendre ses griefs. 

Burkina 24 (B24) : Vous êtes déjà donnée perdante à ces élections consulaires. Quelle est votre réaction ?

Safiatou Lopez/Zongo (SL): Hier matin (le 13 novembre, ndlr), bien avant la fin, je disais que je venais voter parce que beaucoup de personnes se sont engagées avec moi, et m’ont soutenue.

On savait déjà très bien qu’il allait y avoir un cafouillage. Mais l’ampleur nous a beaucoup surpris parce que les récépissés qui n’avaient pas été retirés, et que nous avions hier, étaient estimés à près de 200. (…).

Déjà ce qu’on a relevé, c’est qu’on a vu un des candidats qui distribuait de l’argent. Les jeunes ont quelques images.

B24 : Pouvons-nous avoir l’identité dudit candidat ?

SL : Pour le moment, je ne dirai pas le nom du candidat. Mais il saura se reconnaître, et tous ceux qui étaient là-bas savent de quel candidat il s’agit. Il se reconnaît parce qu’il n’a pas caché.

Il a ouvert la portière de la voiture et il faisait face au dehors. Quand les gens venaient, ils parlaient avec lui. Une personne était assise à sa gauche, derrière. C’est elle qui donnait (l’argent, ndlr). Il était assez visible puisqu’il avait ouvert la portière, et nous étions en face.

En dehors de cela, une des candidates m’a dit clairement que Salif Diallo a dit devant témoin que tout le monde, sauf moi.  Je me suis demandée ce que j’ai fait. Il a dit tout le monde sauf moi parce que je suis une folle et qu’ils ont déjà fait leur bureau et que tout le monde a dit que c’est Kadhafi.

J’ai dit hier vers midi (le 13 novembre, NDLR) à Canal 3 que je suis venue pour voter mais je sais que c’est compliqué au vu de ce qui s’est passé. J’ai clairement dit qu’on utilise les petits comme des marches pour arriver au sommet et après on les pousse et ils tombent.

C’est le mépris du peuple qui continue parce que quand on voit le nombre de personnes qui ont dénoncé, le nombre de personnes qui ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord avec les textes, le nombre de personnes qui sont passées sur les ondes des radios, qui ont parlé et dénoncé. D’autres ont même demandé la démission du ministre à plusieurs reprises par rapport à cette affaire.

La répartition des sièges, c’est quelque chose qu’on pouvait revoir. Ce n’est pas quelque chose qui a été adopté en conseil de ministres. C’est quelque chose que la chambre de commerce et le ministère se sont entendus pour prendre. En dehors de l’âge, pour tout ce qu’on avait demandé, ils n’avaient pas besoin d’aller en conseil de ministres. Il y avait de la mauvaise foi et le mépris du peuple.

Dans tous les cas, nous avons les personnes qui ont voté pour moi. Ces personnes ont remis leur carte pour dire qu’elles sont prêtes à témoigner avoir voté pour moi. Ils ont aussi pris des photos. On est déjà à une centaine de cartes des gens qu’on a rappelés, qui ont remis la photocopie de leur carte d’identité et leur carte d’électeur.

B24 : Il y a eu fraude, selon vous ?

SL : Il y a eu plus que fraude. Il y a des gens qui avaient des procurations vierges. J’ai appris qu’ils avaient envoyé un officier là-bas, devant la Maison du peuple. De fausses procurations qu’on fait sur place et on rentre pour voter.

B24 : Les personnes chargées de vérifier les procurations n’étaient-elles pas présentes ?

SL : On a dit qu’on a déplacé quelqu’un à la Maison du peuple, mais je n’ai pas vu cela. Mais des gens  sur place l’ont dit.

J’ai appelé un commandant de la gendarmerie. Il m’a dit qu’il ne sait pas qui s’occupe de la sécurité, mais il va se renseigner. Il m’a néanmoins dit de dénoncer cela à la gendarmerie qui est devant la porte. J’ai appelé un des jeunes pour lui dire d’expliquer aux gendarmes.

Il est revenu me dire que la gendarmerie a dit (…) qu’elle ne se mêle pas de cette histoire. J’ai rappelé le commandant qui m’a dit que (…) c’est la Chambre de commerce  qui s’occupe de la sécurité.

J’ai appelé un colonel qui travaille à la chambre depuis plusieurs années, car c’est lui qui s’occupe de la sécurité. C’est lui le responsable de la sécurité. Je l’ai effectivement appelé pour lui dire qu’il y a des gens qui sont entrain de distribuer de l’argent. Je lui ai expliqué et il a dit « Ah oui, le véhicule-là ». Il m’a même donné la couleur et le genre de véhicule. J’ai dit effectivement c’est ça et il a dit qu’il va voir.

Je ne sais pas ce qui s’est passé. En tout cas, moi je l’ai vu. Ce qui est  certain, ces élections ne devraient pas avoir lieu dans ces conditions. On aurait pu revoir ce qui n’allait pas, sans que cela ne joue sur la date des élections.

B24 :  Vous ne craignez pas qu’on vous taxe de mauvaise perdante dans cette affaire?

SL : Puisque dans tout les cas, j’ai les preuves. Ils ont dit que j’ai 57 voix. Moi j’ai ma liste que je peux vous montrer.   (NDLR : elle nous a présenté une liste contenant 166 personnes).

Safiatou Lopez présente la liste de ses électeurs

Safiatou Lopez présente la liste de ses électeurs

Avec tout ça, on me donne 57 voix.

B24 : Vous estimez à combien vos partisans ?

S.L : Je fais partie du syndicat national du BTP. Je sais que d’autres syndicats ont voté pour moi. Je le sais parce que, non seulement il me l’ont dit et je sais que ces gens ne peuvent pas ne pas voter pour moi.

Je suis la seule candidate qui appartient au syndicat national du BTP. (…)

B24 : Croyez-vous que vos militants ont été fidèles ?

SL : Ils ont pris des photos. Beaucoup m’ont demandé si j’étais prête à accepter les résultats. Je ne peux rien dire pour le moment, vu ce qui se passe et ce qui s’est passé.

Si vraiment je n’ai pas gagné, moi je l’accepte. Il n’y a pas de souci. Ce n’est pas une fin en soi. La preuve, on a la liste de nos gens.  Chacun revenait avec son portable avec la photo où il y a le doigt sur ma photo. Il ne peut pas imaginer ça.

B24 : Ne craignez-vous pas qu’il y ait là une violation du secret de vote ?

SL : Dans tous les cas,  la Chambre de commerce n’a rien respecté. On a dit qu’on ne voulait pas les agents de la Chambre de commerce. On s’avait qu’il allait y avoir ça.

On s’attendait à ça. Vous s’avez combien de fois nous avons dénoncé cela ? Le gouvernement est resté muet. Qu’est ce que vous voulez qu’on fasse ? Je sais de quoi je parle. Je sais combien de fois on a dit que c’est tout, sauf moi.

Si vous regardez la liste de ceux qui sont rentrés, je me demande pourquoi on a dissous la Chambre de commerce.  Sincèrement, ça ne valait pas la peine de dissoudre cette Chambre de commerce. Cette Chambre de commerce, elle n’a pas changé et elle ne changera pas.

Propos recueillis par Jules César KABORE

Lesaffairesbf

 

Un commentaire

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  • Lankoande Souleymane
    15 novembre 2016 at 13 h 34 min - Reply

    Docteur Salifou DIALLO a bien fait, de donner ce supposé consigne car les affaires n’aiment pas le bruit

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