RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE DES ENTREPRISES : QUELS ENJEUX POUR L’AFRIQUE ?  

Daniel Bicaba revient  à nouveau avec un nouvel article. Cette fois-ci, il s’interroge sur les enjeux de la responsabilité sociétale des entreprise pour le contient africain. 

Dans mes deux derniers articles je vous entretenais sur le développement durable de l’Afrique et notamment sur le commerce équitable comme levier. Aujourd’hui je vous propose de découvrir ce qu’on appelle dans le monde économique la « Responsabilité Sociétale des Entreprises ».

La Responsabilité Sociétale des Entreprises dénommée couramment RSE est tout simplement l’application au niveau micro-économique des  principes du développement durable. Plus techniquement elle se définit comme : «  Responsabilité d’une entreprise vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement transparent et éthique qui :

  • contribue au développement durable y compris à la santé et au bien-être de la société
  • prend en compte les attentes des parties prenantes
  • respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales
  • est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations »

Au regard de cette définition on se rend compte que les entreprises au delà de leur fonction économique  qui est de créer de la richesse sont également des locomotives d’un développement socio-économique.

L’expansion de la RSE en Afrique serait un partenariat gagnant-gagnant !

Il est important que l’Afrique pour son développement socio-économique tourne la page de l’Etat providence et se concentre sur un système visant à favoriser l’émergence et le développement de la RSE sur ses terres. La RSE à long terme peut être un avantage concurrentiel pour les entreprises grâce à l’amélioration de leur image, à l’obtention de nouveaux types d’investissement, au développement de nouveaux modèles d’affaires et à l’ouverture de nouveaux marchés exigeants en la matière. Favoriser l’émergence de la RSE en Afrique c’est à la fois permettre aux entreprises africaines de faire du chiffre, mais surtout de contribuer de manière durable au développement socio-économique et culturel des populations locales. Comment cela se traduira t-il ?

  • Primo, par une promotion des droits de l’Homme. Les entreprises adoptant une politique RSE se doivent de faire la promotion des droits de l’Homme à travers notamment la lutte contre le travail des enfants, la favorisation de la liberté d’association et la proscription de toute forme de discrimination sur les lieux de travail ce qui implique un traitement équitable des employés.
  • Secundo, par une amélioration des conditions de travail en déclarant les employés à la sécurité sociale, en renforçant leurs compétences à travers des plans de formation.
  • Tertio, par une prévention de l’environnement et de l’écosystème en général via le recyclage, la promotion de l’économie circulaire, l’utilisation durable de l’eau et des ressources énergétiques.
  • Quarto, par la bonne pratique des affaires qui se traduira par la lutte contre la corruption et la concurrence déloyale.
  • Quinto, par le développement local avec la création d’emplois et de revenus, le renforcement de l’éducation par la construction d’écoles et de l’approvisionnement local.

Lister tous les avantages reviendrait à vous rédiger un bouquin. Mais vous l’aurez compris ; mettre en place une politique RSE dans une entreprise  contribuerait à assurer le développement local. Et en appliquant le principe d’Adam Smith dans son œuvre « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » la somme des développements locaux se traduira par le développement général.

Il ne faut surtout pas oublier que l’Afrique est un continent riche en ressources essentielles aux entreprises. La RSE permet aux populations d’en tirer profit non seulement économiquement mais socialement et écologiquement car les entreprises font du chiffre  mais de manière responsable : c’est un rapport « gagnant-gagnant ».

Daniel Eric BICABA

Etudiant en Master développement stratégique et durable des organisations, IAE de TOULON

Site web: http://africandevelopment.wix.com/africandevelopment

2 Commentaires

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  • Z.Issiaka
    14 décembre 2014 at 14 h 31 min - Reply

    Article très interessant Monsieur Bicaba. Mais le vrai problème, pour l’afrique, est moins le cadre théorique et conceptuel plutot que l’application strategique (le rapport brundtland est de 1987, et avant il ya eu le rapport Brandt de 1980 et le Rapport Meadows de 1972 – et toute la litterature produite depuis les années 80 par Freeman et autres…). Au dela de ce premier écueil, quand on en arrive a la mise en oeuvre proprement dite, les dynamiques de l’application strategique – approches majoritairement du type top-down qui peinent encore a prendre en compte les aspirations « vraies » des communautés locales elle memes et proposent au contraire la mise en oeuvre de « produits » conçus dans les laboratoires par des experts du developpement durable et de la RSE (dont la plupart malheureusement pechent par leur meconnaissance du terrain). Les dynamiques de l’economie d’echelle dans des contextes très hétérogenes etc… Voici autant de defis qui se presentent a nous africains…

    • BICABA D. ERIC
      16 décembre 2014 at 23 h 04 min - Reply

      Vous avez raison. La norme ISO 26000, le global compact, le rapport bruntland restent théoriques pour le cas africain. AREVA s’est lancé dans cette politique RSE mais elle reste évidemment très limitée. Mais Je crois qu’il est temps de passer à la pratique et d’en tirer les expériences pour mieux ajuster la RSE au cas Africain. Cordialement.

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