Emergence en Afrique : réalité ou simple slogan?

De nos jours, il est de plus en plus question d’émergence dans plusieurs pays dont certains pays africains qui travaillent dans la perspective d’atteindre l’émergence, ou le stade de pays développés.

La distinction « pays développé-pays du tiers-monde », jadis utilisée pour décrire la rupture entre les situations des divers pays de la planète a désormais fait place à la distinction entre pays avancés (Etats-Unis, Angleterre, France, Japon), les pays émergents (Brésil, Chine, Inde, Afrique du Sud) et les pays en développement (Burkina Faso, Mali, Haïti).

Beaucoup de dirigeants africains aiment parler d’émergence de leur économie à des horizons temporels divers (Burkina Faso en 2025, Cote d’Ivoire en 2020, Gabon en 2025). Tout porte à croire qu’une telle mutation socio-économique pouvait s’opérer par un simple coup de baguette magique. Alors, cette émergence est-elle une réalité en marche ou un simple slogan?

Les pays émergents se définissent comme étant des pays en développement présentant un fort taux de croissance du PIB, un niveau relativement élevé d’industrialisation et d’exportation de produits industriels, un fort taux d’ouverture à l’extérieur et un marché intérieur en expansion.

Ces pays doivent avoir un profil économique diversifié, ne reposant pas sur une trop grande dépendance à des ventes de matières premières. Le niveau de vie ainsi que les structures économiques de ces pays doivent converger vers ceux des pays développés. Cette situation être appuyée par un système financier apte à soutenir les investissements.

Cependant, il ne faut pas se voiler la face car il n’y a pas que les performances macroéconomiques. La stabilité politique et institutionnelle des pays compte énormément. Cette stabilité, en rassurant les investisseurs, fonde l’essence même de l’émergence.

Ainsi donc, il sera difficile de parler d’émergence des pays dans lesquels le climat des affaires n’est pas sain et sécurisé. Une justice indépendante et une lutte effective contre la corruption sont des préalables à l’émergence.

De même, il serait hasardeux de parler d’émergence dans des pays qui sont encore, quotidiennement traversés par de longues coupures d’électricité et d’eau qui constituent des produits primaires pour l’émergence.

Certes, il s’agit d’une ambition, le rêve étant permis ; mais la noble ambition de devenir un pays émergent passe nécessairement par ces fondamentaux.

Il est claire que pour devenir un pays émergent, les Etats devront déployer des efforts considérables au cours des décennies à venir pour pérenniser la nouvelle embellie économique qui se fait jour sur le continent.

Au regard des facteurs sus-cités, il est clair que certains pays, dont le Burkina Faso, malgré la volonté affichée de devenir émergents, ne seront pas au rendez-vous à l’horizon indiqué.

Du reste, selon l’assureur-crédit Coface, les prochains candidats africains à l’émergence sont le Kenya, la Tanzanie, la Zambie et l’Ethiopie.

Il faut donc reconnaitre que l’émergence en Afrique est beaucoup plus un simple slogan quand on l’annonce dans une dizaine ou quinzaine d’années, généralement correspondant à deux mandats présidentiels. Surtout en zone franc !

Soumaïla OUEDRAOGO, collaborateur

Burkina24

Un commentaire

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  • L’ermite
    29 août 2014 at 17 h 22 min - Reply

    Vous savez, l’émergence va au delà des mots, paroles et écrits. Il faut de vrais actes en commençant par combattre la corruption, l’insécurité sous toutes ses formes, et cultiver le sens du sacrifice et de l’honnêteté.

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