Récupération des déchets lourds : Alassane Kaboré en fait un business

Des Burkinabè se sont spécialisés dans la récupération d’objets métalliques ou en aluminium usagers. Alassane Kaboré en fait partie. Nous l’avons rejoint dans son atelier, situé en face de l’Université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou. Il explique son travail dans une interview qu’il nous a accordée le 21 octobre 2016.

Burkina 24 : Depuis combien de temps faites-vous ce travail ?

Alassane Kaboré (AK) : Je fais ce travail depuis plus de 30 ans. Au début, je partais au Ghana pour chercher la matière première qui est l’aluminium. Maintenant, on trouve l’aluminium au Burkina et très moins cher.

la récupération

Des pièces automobiles usées destinées à une réutilisation

B24 : D’où provient votre matière première ?

AK : La matière première est composée du fer et de l’aluminium. C’est surtout de la récupération. Nous récupérons chez les garagistes les pièces inutilisables des véhicules usés. Nous faisons la séparation du fer et de l’aluminium.

Ensuite, nous travaillons avec  l’aluminium et le fer qui est destiné pour l’exportation en général vers le Nigéria. Nous jouons un rôle de récupération, c’est-à-dire un rôle de nettoyage dans la ville.

Imaginez les véhicules et les motos qui rentrent chaque année au Burkina. Une fois usé, cela devient encombrant et constitue des déchets. Ainsi, les milliers de tonnes des blocs moteurs, les pièces de rechange, les motos usées constituent notre matière première. Nous sommes comme ceux qui transforment les boites de tomates en cendriers pour  les« moustiquos ».

Les marmites issues de la récupération

Les marmites issues de la récupération

B24 : Que faites-vous avec l’aluminium?

AK : Actuellement nous payons l’aluminium à 500 FCFA le kilogramme et nous achetons le fer à 50 FCFA le kilogramme, selon le cour du Dollars. Nous fabriquons des marmites, des casseroles, des louches, des mortiers, des pilons, des cuillères, etc.

Aussi, il y a des clients qui nous demandent de faire des adaptations pour des pièces usées. Comme exemple,  des jantes des motos, des ciseaux pour les tailleurs, etc. Nous réparons des objets gâtés comme des marmites percées ou des louches cassées. Pour faire une marmite, cela peut nous prendre entre 30 minutes à une heure, selon la taille de la marmite.

Soumaila Bangré

Soumaila Bangré, un handicapé des membres inférieurs, travaille l’aluminium

B24 : Quels sont vos prix pour les marmites ?

AK : Nous fabriquons des marmites de petite et de grande taille. Cela varie entre 1000 FCFA  avec le No 2 et  75 000 FCFA pour le No 60. Les clients des grosses marmites sont en général les universités, les cantines scolaires, les restaurants, les prisons, etc.

B24 : Combien de personnes travaillent avec vous ?

AK : Il y a plus de 20 personnes permanentes qui travaillent avec moi. En général, c’est des chefs de famille. Je suis marié avec 4 enfants. C’est ce travail qui me permet de les nourrir, les scolariser et de les soigner. Je gagne convenablement ma vie avec ce travail. Mais actuellement, le marché a baissé car nous n’avons pas de grandes commandes comme avant.

 Plus loin avec Soumaïla Bangré

« Je m’appelle Soumaila Bangré,  handicapé des membres inférieurs. Mais malgré mon handicap, je fais ce travail depuis 30 ans pour nourrir ma famille. Je suis marié et père de 3 enfants. 

J’ai  appris ce travail avec mon grand frère. Je gagne environ entre 4 000 et 6000 FCFA par jour. Je ne regrette pas de faire ce travail car je m’y plais dedans».

B24: Avez-vous autre chose à ajouter ?

AK : Je voudrais que l’Etat nous reconnaisse en nous attribuant une décoration car nous participons un temps soit peu à l’équilibre de l’évolution de l’industrie au Burkina. Nous méritons une reconnaissance officielle des autorités.

Entretien réalisé par Jules César KABORE

Lesaffairesbf

Un commentaire

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  • le démocrate
    22 octobre 2016 at 11 h 06 min - Reply

    Je ne suis pas contre le travail que ces braves personnes font(ils font œuvre utile) mais c’est plutôt le lieu d’entreposage de la ferraille qui ne sied pas.On ne se croirait pas en centre ville et mieux à côté de nos enfants qui observent la pagaille.Monsieur le journaliste vous auriez mieux fait de leur faire savoir qu’il n’est pas normal d’entreposer le fer sur la route obligeant les usagers à le contourner; ils feraient mieux de déplacer le lieu de leurs activités surtout après plus de 30 ans d’occupation.

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