Marcel Konkobo, ingénieur biomédical,, directeur de Faso IMB (Ingénierie et maintenance biomédicale du Faso)

Equipements biomédicaux : Privilégier la maintenance aux nouvelles acquisitions

L’administration publique s’est lancée dans l’acquisition d’outils de travail dans les secteurs qui sont les siens ; quelquefois, l’entretien n’étant au programme, la plupart du matériel usagé est mis de côté au profit du nouveau qui le sera également quelque temps plus tard. Dans le domaine de la santé, après avoir fait ses premiers pas dans l’administration publique et touché un peu de ces difficultés de maintenance, Marcel Konkobo, ingénieur biomédical, s’est engagé à apporter sa touche au solutionnement du problème à travers la société Faso IMB (Ingénierie et maintenance biomédicale du Faso) qu’il dirige aujourd’hui. Burkina24 s’est entretenu avec lui autour de la question.

Burkina24 (B24) : Monsieur Konkobo, c’est quoi Faso IMB ?

Marcel Konkobo (M.K) : Faso IMB apporte des conseils, nous menons des études de faisabilité pour les hôpitaux, les cliniques, les centres de santé, les projets intervenant dans le domaine de la santé.

Marcel Konkobo, ingénieur biomédical,, directeur de Faso IMB (Ingénierie et maintenance biomédicale du Faso)

Marcel Konkobo, ingénieur biomédical,, directeur de Faso IMB (Ingénierie et maintenance biomédicale du Faso)

Le conseil parce qu’il faut avoir un œil avisé pour concevoir un hôpital qui respecte les normes internationales et qui respecte les fonctionnalités requises pour un hôpital. Nous  faisons aussi de la formation des bénéficiaires et des utilisateurs d’équipement, formation des techniciens à la maintenance et à l’entretien courant.

Cela concernant l’ingénierie. Nous faisons aussi le conseil sur la maintenance, l’organisation de la maintenance à l’hôpital et dans les cliniques. Nous faisons aussi l’intervention opérationnelle. Nous avons une équipe de maintenance qui peut intervenir dans les hôpitaux pour assurer la maintenance. A ce titre, nous avons de par le passé déjà eu des contrats de maintenance avec certains hôpitaux publics.

B24 : Qu’est-ce qui vous a motivé a créer Faso IMB et quels sont vos objectifs ?

M.K : Initialement j’étais fonctionnaire dans la fonction publique ; j’ai été responsable de  maintenance à l’hôpital Sanou Sourou de Bobo. J’ai été directeur central au ministère de la santé et après un certain temps je me suis donner le défi d’apporter autrement ma contribution au développement du secteur de la maintenance à l’hôpital.

Le fond est que nous faisons beaucoup d’acquisition pour les hôpitaux. Le gouvernement y met les moyens, mais il n’y a pas un système organisé pour prendre en main les investissements réalisés si bien que chaque année on ne fait qu’acheter ; on ne connait pas ce que veut dire la maintenance.

Donc notre défi était de proposer une alternative, une solution au manque de maintenance, à l’insuffisance de l’entretien. Pour ce qui est des objectifs, c’était initialement de créer une société dédiée au conseil et à la maintenance mais très rapidement ces objectifs ont évolué et nous ne faisons pas seulement le conseil et l’ingénierie.

B24 :  Est-ce-que IMB entretient une sorte de collaboration avec d’autres structures, que ce soit des structures qui évoluent dans le même domaine ou autre ?

M.K : Oui, au Burkina nous entretenons des relations avec des cliniques privées, nous assurons l’entretien et la maintenance de certains équipements. Nous leur apportons des pièces de rechange pour leur équipement.

Nous travaillons beaucoup avec le ministère de la santé et aussi avec le service santé de l’armée, nous lui apportons beaucoup d’appui. A l’extérieur nous travaillons avec certaines marques et représentons certaines  au Burkina en matière d’échographie, de radiologie et de consommables médicaux.

B24 :  Peut-on dire qu’il n’y a pas de concurrence dans ce domaine ?

M.K : Dans le domaine très précis de l’ingénierie et maintenance biomédicale, on peut dire que nous ne sommes pas nombreux pour ce qui est de ceux qui assurent l’ingénierie, le conseil et la maintenance.

Mais dans le domaine global du biomédical  la concurrence est au contraire très forte et sur-mesurée parce qu’on peut dire que sur notre petit marché d’équipement médical au Burkina qui concerne en grande partie le ministère de la santé et accessoirement les privés, il y a au moins une soixantaine de concurrents sur le marché. Donc on peut dire que c’est un domaine fortement concurrentiel mais les professionnels sont peu nombreux.

B24 :  Est-ce-que vous avez entrepris des innovations depuis la création de Faso IMB dans la perspective justement de faire face à la concurrence ?

M.K : Oui, l’innovation principale, au-delà du conseil, de l’ingénierie et de la maintenance, c’est la fourniture d’équipement. Effectivement, nous nous  sommes rendu compte rapidement que le besoin en matière de maintenance est très énorme mais la demande est quasi-inexistante malgré les stimulations qu’on a faites, les différentes manières en interpellant les acteurs, en démarchant et connaissant bien le circuit pour avoir travaillé au ministère de la santé.

Malgré tout cela, la demande pendant près de trois à quatre ans n’a pas été à la mesure de nos attentes depuis notre création si bien que rapidement nous nous sommes lancés dans la fourniture d’équipement au ministère, en participant aux appels d’offre et en envoyant nos commerciaux près des cliniques et des autres structures.

Actuellement 90% de notre chiffre d’affaire vient de cet aspect acquisition-vente des équipements mais avec l’avantage que nous installons nous-mêmes l’équipement, nous assurons nous-mêmes la formation nécessaire aux bénéficiaires qui doivent les utiliser et  nous assurons la garantie annuelle qu’il faut pour un équipement médical.

Au-delà, nous proposons un service après vente. Donc il y a une différence qui fait que nous ne pouvons pas proposer n’importe quoi ; nous proposons ce qui est fonctionnel et utile aux hôpitaux.

B24 :  Avez-vous des perspectives, des défis après les innovations entreprises ?

M.K : Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est aller au-delà du pays pour présenter nos produits, dans la sous-région notamment et le défi est de ne pas renoncer à notre objectif principal qui est que le besoin de maintenance est toujours important. Un pays ne pourra se développer en ne faisant qu’acquérir, en ne sachant pas entretenir, maintenir son investissement.

Nous pensons avoir l’expertise nécessaire pour aider notre pays à aller de l’avant en ne faisant pas qu’acquérir des équipements sans les entretenir, qui deviennent des équipements à usage unique. La perspective est d’apporter notre expérience à la jeune génération de professionnels de notre domaine pour assurer la relève.

B24 :  Faso IMB existe depuis quelques années. Déjà quand une entreprise arrive à s’établir, il y’a un succès. Qu’est-ce qui a été à la base de votre réussite ?

M.K : Depuis 2006 que Faso IMB a été créé, il exerce effectivement depuis 2007. C’est vrai, nous ne pouvons pas dire que nous avons atteint tous nos objectifs, mais nous ne regrettons pas non plus. Nous pensons avoir réussi quelque part. Si on doit parler de la clé de notre succès, c’est la qualité du service rendu qui est notre cheval de bataille et la persévérance malgré les motifs de découragement.

Vous verrez que nous avons une équipe assez réduite jusque-là parce que nous avons besoin d’une équipe performante. Bien sûr que le besoin d’étoffer l’équipe est là mais nous voulons des agents sûrs qui rentrent dans notre vision d’un service qui se veut performant.

B24 :  La fonction publique n’arrive plus à accueillir tous les jeunes diplômés. Avez-vous des conseils à donner aux jeunes qui veulent se lancer dans l’entreprenariat ?

M.K : Ce que peut dire une personne de ma génération à un jeune qui veut se lancer dans l’entreprenariat, c’est de ne pas se précipiter, de s’assurer d’abord une bonne formation et si nécessaire d’une très bonne expérience, d’être patient et d’être sûr de ses objectifs avant de se lancer. C’est suffisamment d’outils importants pour résister à la tentation de découragement, pour résister à la concurrence.

On sait le nombre d’entreprises qui se ferment par jour. On peut créer mais rapidement fermer et on ne souhaite pas cela à un jeune qui veut réussir. Donc patience, persévérance et compétence.

B24 :  Nous sommes à la fin de notre interview. Avez-vous d’autres informations à partager aux lecteurs de Burkina 24 ; des informations que les questions n’ont pas permis d’aborder ?

M.K : Je remercie déjà Burkina 24 pour cette initiative. J’ai même déjà publié un article qui a paru sur Burkina 24. Mon souhait est que l’administration révise les procédures de gestion des investissements en matière d’équipement de matériel de travail, d’outils de production de soin et apporter beaucoup d’attention à la maintenance, à l’entretien et une meilleure planification du renouvellement des équipements.

Pour avoir travaillé au ministère de la santé je sais quel est le besoin, quelles sont les difficultés que les praticiens rencontrent pour donner le meilleur d’eux-mêmes. C’est en apportant plus d’attention à l’outil de production de soin qu’on pourra rendre nos services de santé performants et nos patients pourront avoir le meilleur soin possible.

Entretien réalisé le 16 octobre 2014

Boureima LANKOANDE

Burkina24

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