Yves Zongo, directeur général de REMICO : «le futur tracteur burkinabè est possible»

Dans sa découverte des jeunes entrepreneurs burkinabè, Burkina a rencontré Yves Zongo qui dirige l’entreprise REMICO (Réalisation, étude, maintenance industrielle, conception). Société à responsabilité limitée, la REMICO conçoit et réalise de petites machines et est spécialisée dans la projection thermique. Un entretien a donc été réalisé avec lui pour en savoir davantage sur l’entreprise.

Qu’est-ce qui vous a motivé à créer votre entreprise ?

Moi de prime à bord, je savais que je cherchais plutôt du travail et pas de l’emploi. Donc j’étais beaucoup plus préparé à faire des choses par moi-même. Et j’avais entrepris au début de mes études de faire des économies afin de pouvoir créer une organisation sous régionale ou africaine qui allait regrouper toutes les spécialités de notre formation et qui allait permettre à nous-mêmes de pouvoir nous auto-employer, de créer des écoles, de créer des centres de recherche ; quelque chose d’excellent comme les laboratoires d’Afrique du Sud ou d’ailleurs parce qu’on ne peut pas s’auto-suffire, si on ne mécanise pas ; on ne peut pas s’auto-suffire, si on achète partout sans pouvoir en faire chez soi.

C’est ainsi que dès mon jeune âge, j’ai entrepris de faire avec les autres. Les uns tout de suite voulaient garder l’argent, les autres voulaient être les responsables et les premiers responsables, et voilà que ça n’a pas vu le jour pour des guéguerres de quelque chose qui n’avait pas encore été créé. Et je suis en train de monter la pente seul, en créant d’abord l’atelier, en faisant du soudage et en passant aux machines-outils, en faisant de la conception, de la maintenance et bientôt probablement nous aurons une école de formation et une diversité sur une spécialisation sur des solutions pour les mines et pourquoi pas une mine semi-mécanisée qui sera créer sur un autre département qui s’appellerait «Oui solution».

Vous qui évoluez dans le domaine de l’équipement, sentez une certaine concurrence ?

Oh, il y a non seulement sur le plan national, beaucoup d’atelier de machines-outils, beaucoup de maintenanciers ambulants mais aussi l’extérieur la plupart de ceux qui livrent des usines ou qui ont des fabrications d’une certaine qualité ; et c’est de faire un service après vente. En dehors cela, il y a des gens sur les mines qui quittent le Canada pour venir entretenir des équipements au Burkina, mais la distance aidant parfois, on fait des partenariats pour pouvoir faire des travaux ici. La concurrence elle existe et tout travail est perfectible de sorte que nous partons à l’affût de la connaissance pour être au bon niveau de ce que nous savons faire et de ce que nous avons fait.

Quelles actions comptez-vous entreprendre ou avez-vous déjà entreprises pour toujours aller vers l’innovation ?

Hééé ! Sur notre parcours, nous avions fait quand même beaucoup de création. Nous avions à notre actif des presses à huile, des broyeurs-mélangeurs mais nous avions aussi un agrément UEMAO comme fabricant d’équipements miniers, nous faisons une chaine intermédiaire qui fait du concassage, qui fait de l’extraction gravitationnelle avant de pouvoir faire une extraction plus poussée, chimique. C’est un peu ce qu’il y a présentement comme innovation mais comme tout est perfectible nous apportons des petites choses sur ce qui existe, c’est des éléments nouveaux que nous ne montrons pas encore mais ce n’est pas exclut qu’un jour on les présente comme des éléments nouveaux donc innovants.

Vous avez des perspectives ?

J’ai déjà parlé des perspectives, parc que REMICO lui même va se scinder en deux ou en trois. Il y aura d’abord une école de formation professionnelle et il y aura aussi «oui solution» qui pourra apporter les solutions autour de l’industrie et des mines, qu’est ce que cela veut dire : de la solution pour le concassage jusqu’à l’extraction de l’or, nous avons déjà des machines que nous construisons et pensons que notre expérience de quelques années doivent nous permettre de les partager avec les autres. Et voilà en gros les perspectives et les innovations mais il n’est pas exclut que dans un futur, on s’associe avec d’autres personnes qui savent faire la même chose mais qui le font différemment notamment le canadien comme Delon pour faire de la maintenance et de la grande maintenance sur les mines. Ils ont déjà du travail sur SEMAFO et ils ont des techniques de projection thermique qui s’approche de ce que nous savons faire et nous pensons que nous pouvons en faire un tandem.

Des défis, en avez-vous aussi ?

Bon ! Des défis, il y en a, si un atelier comme le nôtre évolue, il y a un besoin de partenariat avec les écoles professionnelles, avec les universités parce que quelques détails de calculs, les universitaires sont plus aptes à ça que les pratiquants que nous sommes. Nous si nous avons notre chemin, on peut leur dire qu’avec tel et tel essai nous sommes à tel résultat, ils peuvent ajouter une fonction mathématique au résultat pour montrer que ce n’est pas tombé du ciel mais c’est un chemin emprunté et un chemin qui amène tout élément là où il est à bouger et à être perfectible.

En vous écoutant, nous nous rendons bien compte que vous avez réussi votre pari. Quel a été la clé de ce succès ?

Réussir ou réussite, c’est peut-être des gros mots, mais je pense que la première des choses est de savoir que tout est perfectible et que l’échec est une étape. Pouvoir capitaliser l’échec et regarder l’avenir avec la capitalisation des échecs et on fera toujours bien, toujours mieux. Pour l’ampoule, je pense que l’histoire dit que la personne était à 199 essais et ses amis et sa famille le décourageaient et sa réponse était qu’il n’utilisera plus jamais ses 199 essais d’échecs mais utilisera une autre voie et il a réussi.

Des conseils à donner à la jeunesse avide d’entreprendre, un message pour les Burkinabè ?

Pas grande chose, j’allais plutôt dire que ce n’est pas aussi simple d’entreprendre mais je pense que tout le monde le sait. L’environnement n’est pas très favorable même quand on est le meilleur de son domaine et qu’on le fait sur ses propres terres c’est-à-dire dans son pays. Parfois les uns et les autres n’ont pas confiance à la qualité ou à ce que l’on propose de hautes qualités, on ne pense pas que ça peut être réalisable au Burkina Faso. Et on a souvent des projets et on pense que le  pays pourrait s’en servir comme le projet-mécanisation et le projet-tracteur que nous  avons sous la main depuis 8 ans, nous pensons que nous pouvons apporter notre pierre pour que le Burkina Faso puisse se développer à partir de la mécanisation parce que s’il n’y a pas de service après ventre ou de la maintenance même si vous apportez des tracteurs aux populations, s’ils n’ont pas l’occasion de les ramener même chez eux, ils ne pourront pas les rembourser même si vous les donner à moitié prix. Et finalement, il faut qu’un jour on ait la possibilité de pouvoir faire une usine chez nous et soutenue par l’Etat.

Donc le futur ou le prochain tracteur burkinabè est possible mais on besoin d’un accompagnement de l’Etat. Il y a bien d’autres secteurs, si je pars de la mécanisation, c’est une toute petite partie qui pourrait aider le Burkina au développement on pourrait aussi  bien parler d’autres choses comme des cellules photovoltaïques parce que nous avons beaucoup de soleil au Burkina et on ne sait pas pourquoi on ne le développe pas.

C’est vrai que des privées peuvent s’y mettre mais comme l’hélicoptère, comme plein d’autres éléments militaires si l’Etat ne s’engage pas à des commandes assez importantes, si on ne les confie pas à des privées, je ne pense pas que nos privées vont se développer. Il y a des cultures, c’est la culture de l’excellence, c’est la culture du déclic de la fabrication. Il faut aussi que les enseignants qui sont à l’université, au lycée puissent permettre à ces pratiquants de toucher du doigt une machine et de savoir qu’eux aussi sont en mesure de créer, de fabriquer et de devenir ce qu’ils peuvent être dans la vie.

Entretien réalisé par Boureima LANKOANDE le 14 octobre 2014

Burkina24

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